SORNETTES : fanzine sur le Folklore
pour une ethnographie sérieusement amatrice
SORNETTE vient de sorn, « sombre » en provençal. Elle désigne les activités de la « sorne » (veillée, nuit) : les histoires contées.
La création et la diffusion des folklores nous permet depuis des millénaires d’appréhender le milieu naturel dans lequel nous existons : de nous relier sa faune, sa flore, sa géologie, son climat …
Cet ensemble hétéroclite d’us et croyances survivantes aux religions dominantes (parfois en s’y assimilant par syncrétisme) a toujours été un formidable moyen de tisser des liens avec l’environnement dans lequel nous vivons. Autant pour le préserver, que le comprendre, s’en prémunir, ou l’utiliser. Que ce soit en le sacralisant, en le diabolisant, en l’instrumentalisant, en le considérant comme la plus grande altérité ou bien la plus proche intimité.
Ces tissages de pratiques et de récits sont souvent ancrés dans un imaginaire poétique, nourris de pensée animiste, mais aussi de savoirs pragmatiques acquis par expérience et interaction avec les diverses présences géo/biologiques du territoire (dont ils en sont les garants en permettant leur transmission par l’imaginaire).

LE FANZINE
SORNETTES est un recueil de textes et images sur le Folklore. Il existe pour recueillir, étudier et documenter des contes, légendes, croyances, coutumes et rituels ancrés traditionnellement.
Archiver et montrer la diversité de pratiques et de récits (souvent étudiés de l’extérieur, avec une distance hautaine voire parfois coloniale). Conserver et diffuser la parole de personnes qui détiennent encore ces formes de savoir, mais aussi de celleux qui le recueillent avec respect et intérêt.
SORNETTES est donc lié à la discipline de l’ethnoécologie, avec un contenu sourcé mais un écrit qui se veut différent de l’écrit académique.
Nous souhaitons que ce zine soit un bel objet imprimé, artisanal et populaire. Nous souhaitons qu’il puisse se transmettre de main à main comme un conte se transmet de bouche à oreille, avec intimité, générosité et passion (dans les distributions qui le permettent, il sera à prix libre pour les personnes en situation précaire).



Creuser un peu plus …
L’esprit humain a toujours soif de cette relation au territoire par l’imaginaire, le symbolique et la poésie, malgré le règne tout puissant de l’utilitarisme capitaliste et la disparition progressive des dernier·e·s tenant·e·s de mythologies de village …
Il me semble que cette maille de liens profonds – qui nous prend intimement dans l’équilibre fragile de vies grouillant autour de nous – fait fructifier une vision moins anthropocentrique, moins utilitariste, moins hiérarchisée entre les humain-e-s et les autres formes d’existence desquelles nous nous pensons indépendant-e-s.
Il s’agit de nous frotter à un imaginaire différent de celui qui domine. Changer nos perceptions, c’est changer notre rapport au monde et ce que l’on y fait. En ça, le folklore peut aussi offrir un terreau fertile pour envisager un rapport affectif plus empathique à l’environnement dans lequel nous sommes pris. Un rapport qui court-circuite souvent les volontés capitaliste et étatique.
L’intérêt n’est absolument pas de savoir si l’on croit ou pas en ces “sornettes”, mais plutôt de comprendre et sauvegarder le potentiel de leur puissance opérative, déployée lorsque nous les entendons, les imaginons, les transmettons, et dès lors que nous les actualisons au contact du territoire… Dès que, sous nos crânes, les images qu’ils sécrètent prennent leur liberté pour s’épanouir, au contact de nos expériences sensibles.
* ATTENTION : Etant donné que le folklore « régional » sert souvent de prétexte pour prôner des valeurs identitaires intolérantes (comme la supériorité d’une culture sur une autre ou l’idée qu’il faudrait défendre une tradition contre une soi-disant menace extérieure), il nous paraît important de préciser que ce zine est antifasciste, anti-identitaire et vigilant face aux courants régionalistes et traditionalistes. Vouloir transmettre une coutume pour ne pas qu’elle tombe dans l’oubli est une chose, mais la valoriser comme une forme supérieure et pure de toute influence en opposition à d’autres formes culturelles en est une autre que nous n’acceptons pas.
L’APPEL POUR LE N°1 EST CLOS. IL SORTIRA COURANT 2023.